Introduction aux distorsions cognitives et à l’auto-injonction

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Dans cet article je vais aborder ce qu’on appelle les distorsions cognitives de la réalité et celle d’auto-injonction. C’est un sujet vaste qui a intéressé les psychologues, médecins et psychiatres depuis des années (Beck, 1967 ; Burns, 1980 ; Rnic, Dozois, Martin, 2016 ; Robert, Combalbert & Pennequin, 2018).

lES DISTORSIONS COGNITIVES - INTRODUCTION

Les schémas cognitifs correspondent à nos croyances, nos interprétations de la réalité, notre manière de comprendre le monde et les relations que nous avons avec les autres (Rnic, Dozois, Martin, 2016). Ces perceptions de la réalité peuvent nous induire en erreur en nous renvoyant des pensées limitantes et des émotions négatives récurrentes en décalage avec la réalité, on parlera de schémas inadaptés. 

Ces schémas peuvent être inadaptés et, quand ils s’activent, on va produire des distorsions cognitives de la réalité (Robert, Combalbert & Pennequin, 2018).

Par exemple, n’avez-vous jamais entendu de la bouche d’une personne qui vit actuellement des déceptions amoureuses : « les hommes (ou femmes), c’est tous (toutes) les mêmes » ? Dans cet exemple il est question de généralisation, on reviendra en détail dans un autre article sur cette distorsion qui me semblait un bel exemple ici.

Je vous présenterais au fil du temps les 10 distorsions cognitives développées par le psychologue David Burns (1980 – j’utiliserai ses termes ici), même si certaines ont été élaborées par le psychiatre Aaron T. Beck (1967). Ces deux professionnels étaient experts du traitement de la dépression et des pionniers concernant les psychothérapies cognitivo-comportementales.

Pourquoi je vous parle des distorsions cognitives, car même si nous pouvons tous en vivre, quand elles sont trop systématiques elles peuvent participer à créer de la vulnérabilité, de l’anxiété ou de la dépression (Beck, 1967 ; Burns, 1980 ; Rnic, Dozois, Martin, 2016 ; Robert, Combalbert & Pennequin, 2018).

Introduction aux distorsions cognitives et à l'auto-injonction

l'AUTO-INJONCTION VOLONTAIRE

Une distorsion cognitive courante est celle d’auto-injonction volontaire ou l’utilisation régulière d’impératif comme je « dois », je « devrais ». Lorsqu’une personne active cette distorsion, c’est comme si elle s’imposait des « obligations injustifiées », des règles à suivre dans la vie (Ellis, 1962). Ces règles peuvent être mises en place pour réussir, être heureux, rencontrer la bonne personne, ou même maigrir !

Quand ces impératifs sont trop présents, sans source de satisfaction, dans un fonctionnement « tout ou rien » (soit je réussis, soit j’échoue) elles peuvent conduire à développer le sentiment de ne pas choisir sa vie, de ne pas réellement faire des choix ou même que la vie est une punition. 

Cette distorsion peut conduire à de l’anxiété, des angoisses et pour certains chercheurs de la dépression (Robert, Combalbert & Pennequin, 2018). Avec un accompagnement adapté on peut modifier ses pensées, et changer son état d’esprit, réfléchir à ce qui nous motive vraiment, garder du temps pour des choses qui nous font plaisir, qu’on va faire par choix.

Quelques petites questions pour identifier si on se met des auto-injonctions :

  • Avez-vous le sentiment d’être obligé de mettre en place un faire certaines choses sinon vous ne réussirez pas / ne serez pas heureux-ses ?
  • Quand vous décidez d’un objectif à atteindre, est-ce que vous êtes obligé de faire des choses qui ne vous rendent pas heureux-ses et l’objectif peut perdre de l’intérêt ?
  • Avez-vous pris le temps de réfléchir à ce que serait votre vie si vous ne faisiez pas certaines choses ? 
INTRODUCTION AUX DISTORSIONS COGNITIVES ET À L’AUTO-INJONCTION

DES RÉFÉRENCES SUR LES DISTORSIONS COGNITIVES ET À L'AUTO-INJONCTION

Beck, A. T. (1967). Depression: Clinical, experimental and theoretical aspects. New York: Harper and Row.

Burns, D. D. (1980). Être bien dans sa peau. Saint-Lambert (Québec) : Éditions Héritage.

Ellis, A. (1962). Reason and emotion in psychotherapy. New York : Lyle Stuart.

Robert, A., Combalbert, N., & Pennequin, V. (2018). Étude des profils de distorsion cognitive en fonction des états anxieux et dépressifs chez des adultes tout-venant. Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 176, 225-230.

Rnic, K., Dozois, D. J., & Martin, R. A. (2016). Cognitive distortions, humor styles, and depression. Europe’s journal of psychology, 12, 348.

Mes autres articles sur le sujet :

  • Les psychothérapies cognitivo-comportementales
  • Les pensées « tout ou rien », la généralisation excessive et l’étiquetage (à venir)
  • Le filtre mental ou l’abstraction sélective et les conclusions hâtives (à venir)
  • L’exagération, la minimisation et la personnalisation (à venir)
  • La disqualification du positif et les raisonnements émotifs (à venir)